APILL - Association de Protection des Berges de l'

APILL - Association de Protection des Berges de l'

Propositions pour une gestion différenciée de l’Ill

Pourquoi un plan de gestion ?

 

Créée en 1992, l'Association pour la Protection des berges l'Ill, s'est donnée comme but principal la sauvegarde et la restauration des bords de l'Ill. Il est apparu très rapidement qu'une multitude d'acteurs, tous de bonne volonté, oeuvraient dans le secteur, chacun  poursuivant un objectif particulier, mais tous sans vision globale de l'écosystème et péchant souvent par ignorance. Cette gestion inadaptée a souvent eu pour conséquence la perturbation des biotopes les plus remarquables.

Des actions positives et encourageantes ont néanmoins été entreprises :

-     maintien en eau par soutien de l'étiage

-         amélioration de la qualité de l'eau

-         déplacement de digues

-         classement en zone NC de la partie N/O de Sundhoffen

-         rachat du parcellaire à Horbourg-Whir

-         plantation de saulaies (amont du Ladhof)            

 

De même, la fréquentation non réglementée des espaces naturels de L'Ill, par le public peut être un facteur fragilisant et perturbateur pour certains habitats. L'exploitation forestière mal adaptée (coupe rase) de la ripisylve, réduit la diversité dans la strate arborescente et favorise l'explosion des espèces exogènes.

La fauche trop précoce des prairies, les coupes à blanc des derniers lambeaux de forêt bordant l'Ill, et le broyage systématique des arbustes dans le lit majeur et sur les digues, altèrent le paysage. Ces interventions dissuadent les oiseaux nicheurs et éliminent toute une série de plantes dont l'anthèse ne peut se réaliser.

 

Comme on ne protège bien que ce que l'on connaît bien, l'association s'est donc lancée dans l'établissement d'un inventaire floristique et faunistique du  secteur de l'Ill se situant entre la limite sud du ban de la commune de Ste-Croix-en-Plaine et le pont du Ladhof (R.D.4), sur le ban de la commune de Colmar.

Le lit mineur, le lit majeur, les digues, les anciens bras morts et les landes ou friches bordant immédiatement l'Ill ont été inclus dans le périmètre de l'espace naturel de l'Ill.

 

Espèces végétales et animales disparues

 

Dès le  milieu du 20° siècle, à l'apogée de l'ère industrielle, les aménagements réalisés avec peu de soucis environnementaux et la pollution chronique des rivières ont contribué à la raréfaction et à la disparition de nombreuses espèces de vertébrés, invertébrés et végétales.

Aujourd'hui, la protection de la nature est devenue un réflexe de survie. Il est vain de vouloir protéger une espèce sans se soucier du biotope où elle se nourrit et se reproduit.

Encore observé en masse dans les années 1955 à 1960, la grande Marguerite, leucanthenum vulgare et l'œillet des Chartreux, Dianthus carthusianorum ont aujourd'hui pratiquement disparu des bords de l'Ill.

Des oiseaux comme la pie-grièche écorcheur Lanius collurio, le bruyant proyer Miliara calandra, le traquet tarier Saxicola rubetra autrefois nicheurs communs, ne nichent plus et sont devenus très rares. Parmi les nocturnes, la chouette chevêche Athéna noctua, ne fréquente plus ces milieux.

La rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus régresse en même temps que les roselières. La poule d'eau, Gallinula chloropus, le grèbe castagneux, Tachybaptus ruficollis ne se rencontrent aujourd'hui qu'exceptionnellement au bord de l'Ill entre Ste-Croix-en-Plaine et Colmar.

Les anatidés, tel le canard colvert pourtant commun en Alsace, ont du mal à trouver une niche écologique correcte.

 

Evaluation des habitats, des espèces.

 

L'Alsace se trouve à mi-chemin entre l'Europe du nord et la Méditerranée, le Fossé Ellorhénan, est de ce fait une importante voie de communication, d'échanges de populations et de migration.

L'Alsace constitue aussi un carrefour biogéographique pour la flore, avec de nombreuses espèces en limite d'aire.

Le secteur de l'Ill entre Mulhouse et Colmar ne figure pas dans le rapport d'inventaire Natura 2000 de janvier 1994, malgré l'intérêt écologique démontré.

La présence de  4 (sur 14) habitats reconnus d'intérêt européen, la grande valeur paysagère, ainsi que le rôle important de continuité entre les milieux naturels, donne à l'Ill une valeur patrimoniale remarquable.

La renaturation et la gestion adaptée des différentes unités écologiques, permettra d'améliorer notablement les écosystèmes et garantira un accueil de qualité à l'avifaune autochtone et migratrice.

Flore

Parmi les quelques deux cents espèces végétales déjà répertoriées, trois figurent sur la liste des espèces protégées en Alsace (Arrêté du 28 juin 1993, complément de la liste nationale)

Le jonc fleuri : Butomus umbellatus L.

Le rosier pomme : Rosa Villosa L.

Ail caréné : Alium carinatum

Insectes 

Trois espèces sont protégées sur le territoire national (arrêté du 22 juillet 1992) parmi la centaine d'espèces répertoriées.

Le grand capricorne Cerambex cerdo

Le carabe d'or carabos aurotus

Le carabe à reflets d'or chrysocarabus aurrnitens

Amphibiens

Deux espèces observées pour l'instant.

La grenouille verte : Rana esculenda

Le crapaud commun : Bufo bufo

Reptiles

Trois espèces ont été recensées, dont deux figurent sur la liste des espèces protégées, sur l'ensemble de territoire national  (arrêté du 24 avril 1979)

L'orvet :  Anguis fragilis

La couleuvre à collier : Natrix natrix

Poissons

Dix neuf espèces sont présentes dont deux espèces figurent sur la liste rouge nationale.

L'anguille : Anguilla anguilla

Le brochet : Esox lucius

Une espèce : le Barbeau fluviatile Barbus barbus est sous protection européenne (Annexe V de la directive concernant la conservation des habitats naturels)

Avifaune

Actuellement :

97 espèces d'oiseaux ont été observées sur le secteur de l'Ill concerné.

71 espèces sont strictement protégées au niveau national (arrêté du 17 avril 1981)

12 espèces sont concernées par la directive oiseaux Annexe II du décret n° 90-756 du 22 août 1990, portant publication de la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe.

Parmi ces 97 espèces, cinq sont en forte régression ou ont totalement disparu :

Le bruant proyer : Miliaria calandra

La huppe fasciée : Upupa epops 

Le martin pêcheur d'Europe :  Alcedo atthis

La pie grièche écorcheur : Lanius collurio

Le tarier des prés : Saxicola rubetra

Leur niche écologique a été fortement dégradée par une gestion inadaptée des berges.

Mammifères

Deux espèces, parmi les 16 relevées, figurent sur la liste des espèces protégées sur l'ensemble du territoire national et sont également inscrites sur la liste rouge nationale :

Le hérisson d'Europe : Erinaceus europeaeus

La pipistrelle commune : Pipistrellus pipistrellus

La taupe d'Europe : Talpa europeae et la fouine : Martes foinea figurent également sur la liste rouge.

     

Les objectifs à long terme

Définition des objectifs de gestion qui s'inscrivent totalement dans les objectifs et mesures définis dans le SDAGE.

A savoir d'après la numérotation du SDAGE :

ü     B.5.2 Valoriser les abords des cours d'eau, plans d'eau et voies d'eau

ü     B.6.1 Améliorer les connaissances des écosystèmes

ü     B.6.2 Organiser la gestion et définir les objectifs de restauration des cours d'eau et des plans d'eau.

ü     B.6.3 Elaborer des méthodes de gestion des écosystèmes aquatiques

ü     B.6.4 Renforcer l'information des acteurs locaux

ü     B.7.1 Mieux connaître et préserver les zones humides

ü     B.7.2 Mettre en place une politique active de protection, de reconquête et de gestion des zones remarquables

 

D'une manière générale, l'objectif du plan de gestion serait d'intégrer les habitats des bords de l'ILL dans un réseau d'interconnexion de sites naturels en pratiquant une gestion régie par les principes suivants :

 

Maintien ou développement de la diversité écologique des habitats, par des interventions ponctuelles sur des zones fortement artificialisées et favoriser le développement des espèces menacées ou rares.

Maintien ou amélioration de la biodiversité des espèces animales et végétales.

Maintien ou restauration de la « Naturalité » du site.

                       

Les principales propositions

 

Restauration et réactivation des anciens méandres ou chenaux; ceci favorisera d'une manière certaine l'alimentation de la nappe phréatique et redynamisera les habitats des zones humides.

Définir de nouvelles règles d'entretien par contrat avec les exploitants du lit majeur et des digues. (fauche tardive, interdiction des engrais).

Arasement des rives convexes pour création de roselières et de frayères, dévégétalisation des atterrissements et des ilots.

Définir et pérenniser des zones tampons formant la transition entre le débord des berges (milieux naturels) et l'habitat urbanistique ou agricole.

Restaurer, maintenir et accroître la diversité floristique et faunistique, en favorisant les prairies maigres, en maintenant et en entretenant les ripisylves, pour limiter la propagation des espèces exogènes.

Interdiction de la circulation motorisée et aménagement d'un itinéraire accessible aux piétons et cyclistes, compatible avec le milieu naturel.

Elimination des décharges sauvages.

Effectuer un suivi faunistique et floristique pour mesurer les impacts de la nouvelle gestion.

Création d'un ensemble pédagogique (mare, roselière, bornes d'information) pour la sensibilisation et l'information des riverains( notamment les écoles) et des usagers.



16/01/2008
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